Gabriel nous accompagne dans la sélection de nos planches, il nous parle de l’entreprise familiale et nous emmène dans l’entrepôt où sont conservés les bois précieux à l’abri du soleil, de la pluie et des coups de lune.

Au milieu de ça, du charbon traîne sur des étagères. Comme figés par le feu, ces morceaux de bois brûlés ont conservé leur aspect d’origine. L’écorce, l’aubier, la mousse fine et délicate s’est transformée en une dentelle carbonisée. Les galeries encore intactes des insectes xylophages laissent trace d’un passage. Les reflets argents et bleus jouent avec la lumière et rappellent la technique japonaise du Yakisugi. Lorsqu’il est manipulé, le charbon dense et cassant, sonne comme du verre au touché et cliquette comme de la céramique en sortie de four.

C’est dans la forêt que nous retrouvons Laurence et Thibault, leur beau-fils. Ils sont en train de monter une meule qui fera près de quatre mètres de diamètre et s’élèvera à près de deux mètres. Il faudra une journée pour la dresser. Ils commencent par la cheminée centrale où le foyer sera allumé, des bois sont entassés autour en rangs serrés. Du hêtre, du charme, de l’érable et du frêne. La structure est recouverte d’une couverture de paille et de terre qui fera office d’étouffoir pour empêcher la combustion. La cuisson durera quatre jours et trois nuits. Nous aimons échanger avec Laurence et Thibault qui partagent avec passion et générosité leur expérience. Des projets formels et sonores se construisent dans nos discussions.

Nous voyons le potentiel de ces meules comme des fours à cuisson lente, que l’on retrouve dans la transformation de nombreux matériaux. Céramique, verre, métaux et ici le bois.

Par ce travail, nous souhaitons conserver la mémoire des charbonniers, leur histoire et le savoir-faire de la scierie Taviot à travers nos objets. Ce projet se matérialisera par la production d’une série d’objets et sera documenté par un travail de photos numériques et argentiques, par des captations vidéos et des écrits.